Le teillage de Bosc Nouvel

Le teillage de Bosc Nouvel

“Bienvenue chez Charlie et la Chocolaterie, ou plutôt Valentin et le Teillage de lin !”

 

LES TEILLAGES x MIJUIN

Automne 2019, je croise Valentin et Romain, deux anciens camarades de lycée, à l’anniversaire d’une amie. Ces deux cousins reprennent le teillage de lin de leurs pères. Ils sont nés dans ce milieu, ils sont convaincus que la filière à un grand avenir, et leur passion est très contagieuse. Le lendemain j’achète des draps en lin, le surlendemain je commence à m’y intéresser, puis arrive le confinement qui me sort de mon quotidien citadin. Alors confinée chez une amie, au milieu de la nature dans un paysage de bout du monde, les soirées bières sont vite remplacées par des soirées lectures et inspirations : et justement il y avait un thème que je voulais creuser !

Juillet 2020, je propose à une amie, Camille, la seule assez folle pour accepter, de partir une semaine en micro-aventure en Normandie. On passe trois jours à descendre la Seine à bord d’un canoë gonflable, puis trois jours à pédaler à travers les campagnes de Seine Maritime et le long de ses falaises. Sur notre chemin, on s’est arrêtées au Bocasse visiter le teillage de Bosc Nouvel.



 

D'IMMENSES MACHINES EN ENFILADE

À peine les vélos posés, chaussures de sécurité au pied, on découvre l’univers du teillage. Le teillage est un ensemble d’opérations mécaniques permettant de séparer les fibres textiles des parties ligneuses du linCe qui me surprend c’est le bruit, la taille des machines et leur cadence !
 

En entrée de ligne : les balles de lin sont déroulées sur un tapis roulant. Les tiges sont étalées parallèlement. Puis elles sont broyées dans des cylindres dont les dentures sont de plus en plus fines. Les anas, fragments ligneux de la plante, sont aspirés puis les fibres sont nettoyées par des tambours. On prélève des échantillons de fibres longues pour déterminer la qualité du lin et ainsi définir la rémunération de l’agriculteur. L’usine fonctionne en 3x8 et donc, sauf panne, ne s’arrête jamais !
 

DÉPART POUR UN LONG VOYAGE

Les dernières machines de la ligne permettent d’emballer le lin une fois teillé. C’est souvent ici que s’arrête l’histoire de sa transformation locale. Aujourd’hui lorsque vous achetez une chemise ou une housse de couette, il y a de grandes chances que le lin ait été cultivé et teillé près de chez vous (85% du lin mondial est cultivé en Europe de l’Ouest, 61% rien qu’en France).

En revanche, il aura souvent été peigné, filé et tissé en Asie tout comme l’étape de confection. Dans mon monde idéal, chaque région du monde reposerait davantage sur ses propres ressources locales. Concernant le textile, il faudrait que nous, français/européens, nous consommions moins (j’aurais très bien pu mettre un point là) de coton et de fibres synthétiques au profit du lin, du chanvre et de la laine paysanne cultivés localement. Que de cette manière nous soutenions nos agriculteurs et nos ouvriers dans une démarche de transparence sur les conditions de travail et de respect de la nature.


LE PEIGNAGE, LA MAGIE !

Bien qu’une majorité de fibres soient exportées, une minorité de résistantes prennent place pour une étape supplémentaire : le peignage. Ici s’enchaînent des peignes géants ! L’espace entre chaque dent est de plus en plus resserré, en bout de ligne on arrive à un résultat digne de la chevelure de Raiponce. Les fibres peignées localement sont souvent exportées dans des filatures européennes.

 

 

Lors de cette première visite, Valentin nous a parlé des différents débouchés pour chaque composant du lin une fois teillé. Il nous a aussi parlé des débouchés techniques de la fibre utilisée comme alternative à des matériaux pétrosourcés comme la fibre de verre (un exemple parlant : la planche de surf Notox !). Aujourd’hui 10% des fibres de lin européennes sont valorisées via des usages techniques. Face aux enjeux actuels, l’avenir de la filière semble immense.

Puis, avec Camille, on a quitté le teillage et on a repris nos vélos, direction le mythique village de Veules-les-Roses. Le soir même, sur les hauteurs des falaises, face à une vue mémorable, on a installé notre tente au milieu des champs de lin. “Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux.” disait Marcel Proust (mais dans la même logique, j’aurais très bien pu citer un célèbre morceau d’Orelsan !)



 

La semaine prochaine on vous emmène dans le Haut-Rhin, chez Emanuel Lang, la première filature à avoir repris son activité en France. Là encore d’impressionnantes machines, beaucoup de passion et le retour de très beaux savoir-faire !

Si vous souhaitez vous informer davantage, rendez-vous sur le site de la Confédération Européenne du Lin et Chanvre. Ils publient régulièrement des études et baromètres dédiés à cette belle plante. C’est une mine d’or (bleu ;)) !

Retour au blog

2 commentaires

Bonjour Pierre,
Génial, avec plaisir pour échanger ! Vous pouvez nous laisser un message dans le chat (l’icône bulle de conversation à droite de votre écran) et nous vous recontacterons rapidement.

L'équipe Mijuin

Association indépendante de Normandie, nous nous intéressons à la reprise de cette filière du lin.
En quoi serions-nous utiles ?

Pierre JUHEL

Laisser un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d'être publiés.