L’agriculteur, chez Romain

L’agriculteur, chez Romain

"Je viens voir mon champ tous les jours, mais ça, ne le dis pas à ma femme !” 

Éric, agriculteur dans l’Eure

 

LES AGRICULTEURS x MIJUIN

Comme beaucoup de belles histoires, Mijuin commence par un voyage, ou plutôt des voyages. D’abord à vélo à l’été 2020, puis à bord d’un vieux van aménagé l’été suivant, on est allé à la rencontre de ceux qui font la filière lin française. Ces voyages ont été à la fois une manière de se familiariser avec le lin au travers de belles rencontres mais aussi un prérequis pour positionner au mieux Mijuin dans cet écosystème florissant. Aujourd’hui, je vous parle d’Éric et de Romain.

 

UNE HISTOIRE DE PASSION

C’est à pleine vitesse à l’arrière d’un quad que je découvre les champs d’Éric situés au sud de l’Eure. Éric est un passionné de lin, je sens dans sa voix une grande fierté de répondre à ma surenchère de questions. Je lui demande à quelle fréquence il vient voir sa parcelle de lin : « Aaah au moins une fois par jour, mais ça, ne le dis pas à ma femme ! ». Une fois invitée à prendre l’apéro, je me tais, je ne lance pas le sujet, mais j’apprends au détour d’une question anodine que le copain de sa fille présent autour de la table, travaille lui aussi dans le lin, il est alternant dans la division recherche de semences chez Terre de Lin. On est maintenant en majorité, le sujet du dîner sera le lin.

 

UN SAVOIR-FAIRE, UN HÉRITAGE

Romain, quant à lui, vient tout juste de reprendre la ferme de son père dans la Somme, il m’avait envoyé quelques mois avant ma visite sa thèse de pharmacien : « L’innovation agricole pour une santé durable ». Vous me direz on est bien loin du lin, pourtant Romain aussi en cultive parmi ses champs de blés, de pommes de terre et de betteraves. Alors qu’on marche au milieu de son champ en caressant des tiges de près d’un mètre, je lui demande si le fait que la fibre de son lin soit exportée au bout du monde le dérange. Il me répond « Non, ce qui m’importe c’est de le vendre à un bon prix ». Mais deux jours après cette visite, Romain m’écrit « J'ai cogité depuis que l'on s'est vu : vendre à un chinois ou un français n'a pas vraiment d'importance pour moi, tant que je n'ai pas de lien avec l'un ou l'autre. Mais le lin en circuit court peut-il être un vecteur de liens entre agriculteurs et consommateurs ? ».

 

 

Alors avec Romain, on s’est revus, on s’est appelés, on s’est rappelés et on a commencé à rêver. Il est simple de créer du lien avec son client lorsque qu’on vend ses pommes de terre sur un marché, mais le lin avant de devenir un textile passe par de nombreuses étapes. Ces dernières décennies, à coup de délocalisations (de filatures, mais aussi de tissages et d’ateliers de confection), on a fait de la traçabilité la dernière de nos priorités. Aujourd’hui, celle-ci est nécessaire face aux enjeux sociaux et environnementaux de notre planète.

La réindustrialisation (très) progressive en France des étapes de transformation est une immense opportunité pour faire de notre lin un exemple de traçabilité dans l’industrie textile. Et ça les industriels semblent l’avoir compris, et les politiques ? A quand une étiquette mentionnant l’origine de la matière première, de la filature, du tissage/tricotage au-delà de l’unique étape de confection ? Peut-être bientôt. Mais une étiquette pour créer du lien, vous me direz on a déjà connu mieux.

 

 

Plongée depuis quelques mois maintenant dans cette filière de passionnés, j’admire le travail brillant des confédérations (telle la Confédération Européenne du Lin et Chanvre) et des associations (tel Lin et Chanvre bio) à réunir tous les acteurs de la filière à coup de conseils, de mises en relation et de rencontres interprofessionnelles.

Aujourd’hui, avec Mijuin, on se demande comment intégrer chaque acteur de la filière en amont (de l’agriculteur au tisseur) et en aval (les marques, les entreprises et les particuliers) autour de notre projet d’atelier dédié au lin en circuit court. Et c’est en partie pour cette raison qu’on a rejoint Katapult, l’incubateur de l’ADRESS Normandie (Agence du Développement Régional des Entreprises Sociales et Solidaires). Ces carnets de rencontres sont les récits de moments de partage qui, on l’espère, se traduiront en un projet collectif.

 

La semaine prochaine on vous emmène au milieu de dizaines de grandes machines, non pas au pays de Charlie et la Chocolaterie mais plutôt au pays de Valentin et le Teillage de Lin !

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